mardi 25 février 2014

Petit miracle à Rome, Martelly et Desras se parlent

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Le President Martelly et le Président Desras
Le président Michel Martelly a été reçu en audience par le pape François ce lundi 24 février au Vatican.

Dans une restitution de la rencontre faite pour les journalistes, qui n’ont pu assister qu’à la partie protocolaire, très cordiale par ailleurs, ponctuée de sourires et d’échange de cadeaux, de la visite présidentielle au Saint-Père, le président Martelly a déclaré que « la politique, l’Eglise, Haïti et unepotentielle visite du pape en Haïti » ont été les points forts des 20 minutes d’entretien en tête-à-tête des deux chefs d’Etat.


Le président haïtien n’est pas entré dans les détails de ce qui a été discuté au Vatican. 
Selon un communiqué du bureau de presse du Saint-Siège, le pape François et le président Michel Martelly «ont insisté sur l'impérative nécessité qu'il y a à poursuivre la reconstruction du pays, comme à encourager le dialogue entre les différentes forces vives, en faveur de la réconciliation et du bien public, à l'extérieur comme à l'intérieur. »


Selon la note de la diplomatie vaticane, « ces entretiens chaleureux ont permis aux parties de se féliciter de l'excellence de leurs rapports, mais aussi de souligner l'importante contribution que l'Eglise locale offre à Haïti, dans les domaines de l'éducation, de la santé et de l'assistance sociale. »


Après le Saint-Père, Michel Martelly s'était ensuite entretenu avec le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat, et Mgr Dominique Mamberti, secrétaire pour les Relations avec les Etats.

Grâce au cardinal Langlois

Cette visite du président Martelly à Rome, la deuxième depuis le début de sa présidence –il avait été reçu par le pape Benoît XIV en 2012- s’inscrit dans le cadre de la création de monseigneur Chibly Langlois comme cardinal. Mgr Langlois, quelques semaines avant sa désignation, avait lancé un dialogue interhaïtien entre les forces politiques en conflit sur un certain nombre de sujets.


Si le cardinal n’a pas pris part aux discussions au Vatican, le président Michel Martelly avait intégré dans sa délégation le sénateur Dieuseul Simon Desras, président du Sénat, celui-là même qui avait refusé de signer le protocole d’accord avant le voyage vers Rome.


Le président Martelly, le seul qui a eu des entretiens privés avec le pape et les cardinaux, a présenté le sénateur Desras au pape François comme le reste de sa délégation. Le sénateur a pris quelques secondes pour parler au pape, plus que tous les autres membres de la délégation, à l’exception de la première dame.


Le grand absent de la visite a été le président de la Chambre des députés, Jacques Stevenson Thimoléon. Comme pour le dîner offert en l'honneur du cardinal Langlois samedi soir ou pour la messe de dimanche à la basilique St-Pierre, le président de la Chambre des députés a brillé par son absence.

Desras et Martelly, l’apaisement

Le petit miracle de ce week-end à Rome a été l’apaisement qui s'est installé dans les rapports entre le président Michel Martelly et le sénateur Dieuseul Simon Desras, président de l’Assemblée nationale. Au départ d’Haïti, les deux hommes étaient dans le même avion, mais s’étaient ignorés. Martelly partant pour Paris, Desras pour Rome directement, leurs chemins s’étaient séparés à New York.


Ils se sont retrouvés en Italie, et si les parlementaires du grand Corps voulaient au départ faire bande à part, ils ont dû se fondre dans la délégation d'Haïti conduite par le président de la République. Au consistoire, cérémonie de création du cardinal Langlois, comme à la fête donnée en l’honneur du nouveau cardinal, le président de la République et le président du Sénat étaient comme des chiens de faïence. 


Il a fallu une médiation du Nouvelliste et de Radio Caraïbes pour porter le cardinal, le sénateur et le président à faire une photo ensemble pour marquer le grand jour du cardinal, père du dialogue interhaïtien.
A la messe de dimanche, même scénario. Tout le monde était raide.


Il a fallu la visite au pape pour que les deux hommes se parlent vraiment. Le président Michel Martelly a pu aussi pour la première fois, ce lundi, à Rome, parler à tous les sénateurs ensemble, avant de partir avec eux à pied le long de la Via Venetto, chercher un restaurant où l’exécutif et le législatif ont pu rompre le pain, partager un verre, faire fondre la glace.

L’avenir du dialogue

Interrogé par les journalistes haïtiens présents à Rome, le président Desras dit attendre les réactions de l’exécutif aux nouvelles preuves apportées par le Sénat au sujet des trois membres de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif remis en question. « Nous n’étions pas tenus de le faire, mais nous voulons faire avancer le processus », a dit le sénateur Desras au Nouvelliste.


Le président Martelly, de son côté, annonce attendre son retour, les rapports de ses équipes techniques et sa propre évaluation des preuves du Sénat avant de se prononcer. 


Au sujet de ses relations avec le sénateur Desras, le président a déclaré que leur séjour commun à Rome leur a permis de faire beaucoup d’échanges. « Je lui ai dit, devant les autres sénateurs, que trop de fois il annonce des avancées et fait des retraits ».


Le président Martelly a redit au micro des journalistes sa disponibilité. « Je vais tout faire pour créer l’ambiance, pour avancer, je ne vais pas me décourager. Il faut une collaboration entre les pouvoirs pour faire avancer Haïti, les affaires d’Haïti, je la cherche toujours et serai toujours disponible pour la trouver ».


Après ce point de presse, le président Michel Martelly a pris l’avion lundi soir pour Bruxelles où il doit rencontrer le roi des Belges, Philippe, le ministre-président de la Wallonie et de la fédération Wallonie-Bruxelles, Rudy Demotte, le président du Conseil européen, Hernan Van Rompuy, et la présidente du Sénat, la baronne Sabine de Bethume.


Frantz Duval

Source: Le Nouvelliste

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