vendredi 20 décembre 2013

La fraude téléphonique préoccupe le CONATEL

Jean Marie Guillaume Directeur de la Conatel
Le directeur général du Conseil national des télécommunications (CONATEL), Jean-Marie Guillaume, a présenté un bilan des actions prises par son administration au cours de cette année pour régulariser et renforcer le secteur des télécommunications dans le pays.

Avec la pénétration de l’Internet, le CONATEL, régulateur haïtien du secteur des télécommunications, constate une diminution des appels téléphoniques tant au niveau national qu'au niveau international. Cette baisse s’explique par la fraude téléphonique à travers
le by-pass et le VoIP (Voix sur protocole IP).

Le directeur général du CONATEL, Jean-Marie Guillaume, a présenté, à travers des graphiques, l‘évolution du trafic des appels téléphoniques pour la période allant de 2007 à 2013. « Les appels internationaux entrants ont atteint un pic approximatif de 670 millions de minutes en 2007 pour ensuite connaître une chute de 80 millions de minutes en 2008-2009, a-t-il dit. Il est clair qu’une évaluation trimestrielle du trafic pendant cette période aurait dû tirer la sonnette d’alarme sur la décroissance du trafic international. »

Selon lui,  ceux qui pratiquent le by-pass et le VoIP commettent une double infraction. « D’abord, ils ne paient aucune redevance à l’Etat et ensuite ils ne paient pas le tarif international aux opérateurs dont ils utilisent le réseau, a-t-il expliqué. Avec la forte pénétration de l’Internet, ces appels deviennent de plus en plus fréquents. Les opérateurs qui fournissent ces services (Vonage, magic Jack…), n’ayant pas de licence haïtienne, échappent complètement aux lois fiscales haïtiennes et à toute autre forme de contrôle. Ce qui représente une lourde perte pour  l’économie haïtienne.»

«Le CONATEL étant l'instance régulatrice des télécommunications se sent interpelé par ces initiatives et décide de prendre des mesures appropriées conduisant à l'harmonisation de la société de l'information en Haïti», déclare Jean-Marie Guillaume.

Grâce à la vigilance du CONATEL et les opérateurs des télécommunications, Jean-Marie Guillaume estime qu’il y a aujourd’hui une diminution considérable des fraudes téléphoniques. « L’année 2012 est la première année où le secteur n’a pas enregistré une chute  de trafic, en dépit de l’évolution technologique», a-t-il poursuivi.

Le CONATEL a pu collecter en moins de deux ans 9,1 millions de dollars américains  pour le programme PSUGO grâce à la lutte contre la fraude. « Nous avons collecté 4,4 millions de dollars américains l'année dernière, a-t-il dit. Pour les trois premiers trimestres de 2013, 4,4 millions  de dollars américains de redevances additionnelles ont été déjà collectés.» 

Les nouvelles technologies représentent , selon lui, une opportunité pour le secteur des télécommunications mais aussi une menace pour le fisc à cause des appels frauduleux. « La lutte entamée par le CONATEL a permis de bien comprendre la structure du trafic IP à travers le monitoring permanent, a-t-il renchéri. Entre août et octobre 2013, nous avons bloqué plus de 80 millions d’appels VoIP. Ce chiffre s’explique du fait qu’un appel filtré peut être le résultat de plusieurs tentatives d’appel.»

Les appels by-pass sont des appels effectués de l’étranger mais terminés en Haïti comme des appels locaux.  Parmi les appels fournis par le VoiP, citons les OBT (Online Based Telecom) qui constituent 72% des appels observés.

« Nous devons plutôt suivre cette révolution et en profiter pour créer de nouvelles opportunités, a-t-il fait remarquer. La solution est de protéger le secteur en définissant des barrières capables d’empêcher ou de limiter la propagation des OBT, et d’encourager les entrepreneurs haïtiens à investir dans le secteur afin de développer des applications capables de se substituer aux applications des OBT étrangers.»

Malgré les menaces fiscales que peuvent constituer pour le pays les fraudes téléphoniques, Jean-Marie Guillaume a déclaré qu’on « ne peut pas empêcher ou ralentir l’évolution technologique dans le pays». 

Jocelyn Belfort 
source: Le Nouvelliste

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