Le directeur général du Conseil national des
télécommunications (CONATEL), Jean-Marie Guillaume, a présenté un bilan
des actions prises par son administration au cours de cette année pour
régulariser et renforcer le secteur des télécommunications dans le pays.
Avec la pénétration de l’Internet, le CONATEL, régulateur
haïtien du secteur des télécommunications, constate une diminution des
appels téléphoniques tant au niveau national qu'au niveau international.
Cette baisse s’explique par la fraude téléphonique à travers
le by-pass
et le VoIP (Voix sur protocole IP).
Le directeur général du CONATEL, Jean-Marie Guillaume, a présenté, à
travers des graphiques, l‘évolution du trafic des appels téléphoniques
pour la période allant de 2007 à 2013. « Les appels internationaux
entrants ont atteint un pic approximatif de 670 millions de minutes en
2007 pour ensuite connaître une chute de 80 millions de minutes en
2008-2009, a-t-il dit. Il est clair qu’une évaluation trimestrielle du
trafic pendant cette période aurait dû tirer la sonnette d’alarme sur la
décroissance du trafic international. »
Selon lui, ceux qui pratiquent le by-pass et le VoIP commettent une
double infraction. « D’abord, ils ne paient aucune redevance à l’Etat et
ensuite ils ne paient pas le tarif international aux opérateurs dont
ils utilisent le réseau, a-t-il expliqué. Avec la forte pénétration de
l’Internet, ces appels deviennent de plus en plus fréquents. Les
opérateurs qui fournissent ces services (Vonage, magic Jack…), n’ayant
pas de licence haïtienne, échappent complètement aux lois fiscales
haïtiennes et à toute autre forme de contrôle. Ce qui représente une
lourde perte pour l’économie haïtienne.»
«Le CONATEL étant l'instance régulatrice des télécommunications se
sent interpelé par ces initiatives et décide de prendre des mesures
appropriées conduisant à l'harmonisation de la société de l'information
en Haïti», déclare Jean-Marie Guillaume.
Grâce à la vigilance du CONATEL et les opérateurs des
télécommunications, Jean-Marie Guillaume estime qu’il y a aujourd’hui
une diminution considérable des fraudes téléphoniques. « L’année 2012
est la première année où le secteur n’a pas enregistré une chute de
trafic, en dépit de l’évolution technologique», a-t-il poursuivi.
Le CONATEL a pu collecter en moins de deux ans 9,1 millions de
dollars américains pour le programme PSUGO grâce à la lutte contre la
fraude. « Nous avons collecté 4,4 millions de dollars américains l'année
dernière, a-t-il dit. Pour les trois premiers trimestres de 2013, 4,4
millions de dollars américains de redevances additionnelles ont été
déjà collectés.»
Les nouvelles technologies représentent , selon lui, une opportunité
pour le secteur des télécommunications mais aussi une menace pour le
fisc à cause des appels frauduleux. « La lutte entamée par le CONATEL a
permis de bien comprendre la structure du trafic IP à travers le
monitoring permanent, a-t-il renchéri. Entre août et octobre 2013, nous
avons bloqué plus de 80 millions d’appels VoIP. Ce chiffre s’explique du
fait qu’un appel filtré peut être le résultat de plusieurs tentatives
d’appel.»
Les appels by-pass sont des appels effectués de l’étranger mais
terminés en Haïti comme des appels locaux. Parmi les appels fournis par
le VoiP, citons les OBT (Online Based Telecom) qui constituent 72% des
appels observés.
« Nous devons plutôt suivre cette révolution et en profiter pour
créer de nouvelles opportunités, a-t-il fait remarquer. La solution est
de protéger le secteur en définissant des barrières capables d’empêcher
ou de limiter la propagation des OBT, et d’encourager les entrepreneurs
haïtiens à investir dans le secteur afin de développer des applications
capables de se substituer aux applications des OBT étrangers.»
Malgré les menaces fiscales que peuvent constituer pour le pays les
fraudes téléphoniques, Jean-Marie Guillaume a déclaré qu’on « ne peut
pas empêcher ou ralentir l’évolution technologique dans le pays».
Jocelyn Belfort
source: Le Nouvelliste
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