dimanche 22 décembre 2013

Le Village Lumane Casimir se remplit

Remise des clefs d une maison à une policière
Le président Michel Martelly a effectué vendredi une visite au village Lumane Casimir qui peine encore à être vraiment habité depuis son inauguration le 14 mai. Outre les quelque 200 familles déjà logées au village ces dernières semaines, le chef de l’Etat a remis symboliquement des clés à 75 policiers qui pourraient habiter le parc strictement locatif dont la construction est financée à hauteur de 49 millions de dollars américains tirés du fonds PetroCaribe.


 Construire un grand village n’est pas la tâche la plus compliquée, mais il n'est pas toujours facile de  l'aménager comme souhaité, de lui trouver des occupants. L’administration Martelly est en train de faire l’expérience avec le village Lumane Casimir. Sur les 1 280 unités de logement construites – sur un total de 3 000 – inaugurées depuis plus de sept mois, seulement 200 sont occupées. Or, selon le directeur exécutif de l’Unité de construction de logements et de bâtiments publics (UCLBP), Harry Adam, ce ne sont pas les demandes qui manquent. 9 000 familles se sont inscrites. Cependant, les demandeurs doivent d’abord passer des entrevues pour prouver qu’ils sont qualifiés, qu’ils ont des activités génératrices de revenus. Ce qui, selon M. Adam, ralentit considérablement le processus.

Pour la Noël, le chef de l’Etat a décidé de visiter le village qui porte le nom d’une célèbre voix haïtienne.  Arrivé peu avant 11h, Michel Martelly a été accueilli par des employés « red cap » de l’aéroport Toussaint Louverture. Mais, ces derniers n’étaient pas plus nombreux que les policiers dans le village en cette occasion. Le président de la République entendait remettre symboliquement des clés à des agents de la police nationale. Sur 250 inscrits, 75 devraient d’abord habiter le village un peu perdu au pied du morne-à-Cabris.

S’ils ne l’ont pas affiché publiquement, des policiers, document de contrat en main, ont exprimé leur désaccord avec les conditions pour accéder au village. Le terme « strictement locatif » résume tout.  Le locataire, selon Harry Adam, doit débourser 2 500 gourdes par mois pour son unité de logement de 32 mètres carrés. Le contrat est renouvelable tous les trois ans. « Je ne vais pas laisser mon loyer au centre de Port-au-Prince pour m’établir dans cette zone inaccessible pour en payer un nouveau, a lâché un policier.  Je trouve que c’est trop cher et je pensais qu’après un certain temps de paiement, le logement deviendrait la propriété privée du locataire. Or, ce n’est pas le cas. »

Durant les six premiers mois – sur la demande du chef de l’Etat lors de l’inauguration – l es locataires paieront 1 500 gourdes par mois pour leur logement de deux chambres à coucher. Les frais d’électricité et d’eau potable ne sont pas inclus. « Nous ne sommes pas un pays riche, nous n’avons pas assez de moyens pour offrir des logements sociaux en cadeau », a déclaré le directeur exécutif de l’UCLBP.

Le prix n’est pas la seule contrainte identifiée. Pour les habitants, les services disponibles sont beaucoup plus importants. D’ailleurs, avant même de s’adresser à l’assistance, Michel Martelly a d’abord visité quelques familles durant de longues minutes. « Il faut considérer ces unités de logement comme une sorte de dépannage pour des personnes à besoins immédiats, a déclaré le chef de l’Etat, accompagné du haut état-major de la police nationale. Ce ne sont pas vos maisons de rêve. Ici, au moins, on peut vivre dans la dignité. (…) Elles sont petites, certes, mais elles offrent tous les services. Nous avons identifié beaucoup de difficultés, mais nous travaillons pour les améliorer. Je suis très satisfait  du projet.»

Pour aider les habitants au niveau du transport, les autorités ont mis deux autobus pour assurer le trajet du village à Croix-des-Bouquets. Mais plusieurs infrastructures de base promises, dont la construction d’un miniparc industriel, d’un centre de santé, d’un poste de police, entre autres, ne sont pas encore disponibles. Ce qui fera de ce parc un vrai village.

Valéry Daudier
Source: Le Nouvelliste

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