Le Conseil supérieur des salaires, le Sénat, le ministère des
Affaires sociales et du Travail, les associations patronales, à haute
voix ou à mots feutrés, débattent de l’augmentation du salaire minimum
depuis quelques semaines.
Dans le même temps, des syndicats d’ouvriers, des avant-gardes organisées ou de simples chômeurs manifestent sporadiquement dans les rues pour peser sur la décision d’ajuster les rémunérations plancher.
Tohu -bohu, violences ou déclarations réfléchies, chaque camp défend sa patate dans cette affaire et
Il n’y a pas de salaire minimum idéal. Le marché le fixe dans certains pays, les autorités dans d’autres. Ici, depuis quelques années, il faut des convulsions pour obtenir un point d’équilibre.
La tentation est grande des deux côtés. Les patrons rechignent à augmenter d’une gourde leurs débours. Les ouvriers rêvent d’une vie meilleure. L’inflation se charge du reste avant et après l’augmentation.
Depuis 1991, on peut même dire que parler de salaire minimum en Haïti est explosif. On a vu des présidents perdre un pied de leur fauteuil sur ce dossier, d’autres oublier toute fibre sociale pour ne pas heurter les intérêts en jeu.
Et voilà qu’à vouloir s’épargner la responsabilité de la décision, les politiques ont laissé aux parlementaires une porte d’entrée dans la gestion du dossier.
N’ayant ni payroll ni budget, les élus y vont au gré du vent pensant qu’un salaire peut leur donner bonne grâce et résoudre le déséquilibre entre riches et pauvres en Haïti. Rien ne prouve que ce soit vrai, rien ne prouve que ce soit faux dans un pays où on ne mène des études sur rien d’essentiel.
Si la misère, le chômage, les inégalités ne font aucun effort pour être visibles en Haïti, les vertus du travail, l’apport des créateurs d’emplois, la nécessité de concilier création de richesse et bonheur national n’ont aucun défenseur sur le terrain, ni au Parlement. Pas même au gouvernement ou au sein des associations patronales.
Alors que les patrons ont repris leur bâton de pèlerin pour prêcher prudence et mesure, chômeurs assistés, travailleurs de toutes les entreprises, employés de tous les niveaux font déjà des plans sur la future augmentation des salaires, car celle des plus petits soldes finit par affecter les plus gros émoluments. Le gouvernement pense à ses comptes de taxes… et les politiciens à leur capital sympathie.
Une crise couve, alimentée par des intérêts irréconciliables. Dans l’atmosphère électrique qui s’installe, l'administration Martelly-Lamothe ne peut rester sur le banc de touche.
Frantz Duval
Source: Le Nouvelliste
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